POSTURES

 

Il pria le " Grand Architecte " et ouvrit les yeux

pour qu’Il Existe

 

 

  • Francis croise Ariane qui rencontre Bernard qui croise Francis oubliant d’ouvrir la porte à Ariane qui revient vers Bernard pour lui dire…oui pour se dire ensemble ce que Francis devait faire et pourtant il l’avait négligé. Pourquoi ?
  • Ariane n’a jamais croisé Bernard qui connaissant Francis ouvrit la porte à celui-ci alors qu’Ariane buvait un café avant d’aller servir les viennoiseries au bistrot de la gare St. Lazare.
  • Elle
  • absorbait l’instant de cette liberté du matin ; le moment où nous n’attendons rien, où nous n’organisons rien d’autre que cet espace de liberté.
  • C’est à ce moment, dans cette césure du temps que les phéromones s’organisent selon le Hasard des rencontres et des croisements.
  • Puis ils se dispersent, retournant dans les narines du même Hasard traversant les corps et les esprits….au hasard un peu perdu mais toujours avec la certitude d’Etre.

Elle dépose ses deux enfants à l’Ecole primaire. Ils courent pendant qu’elle arrange la chaise de Cyril ; son bébé  qui s’agite dans un rêve éveillé, grimace sa volonté de montrer l’invisible de son minuscule corps qui aspire la vie…il tend les mains qu’elle prend en mimant l’amour qu’elle a pour sa chair… innocente partie de son corps jadis…

En contournant la voiture, son regard s’absente un instant, celui d’ouvrir la portière, puis il revient là où elle l’avait interrompu, au bout des doigts de son Fils engoncé dans sa chaise. Sans le savoir vraiment Elle avait traversé deux espaces du Temps.

 

  • Bernard croise Francis sans voir Ariane. Ouvrant la Porte il disparaît laissant derrière Lui les traces du parfum d’Ariane.
  • Ariane regarde Francis qui revient du café en face Ariane reprends le chemin qui passe devant la porte et s’éloigne lentement.
  • Elle
  • passe tous les jours devant celle-ci en accompagnant ses enfants à l’Ecole. Elle ignore ce qu’il y a derrière. D’autres voies, peut-être la mer…oui qui sait ? Puisqu’elle ne voit pas la Porte, mais à chaque fois Elle ressent comme un frémissement.
  • Ariane regarde le temps qui s’échappe comme la vapeur d’une locomotive glissant en dessous du pas-de-Porte ; puisqu’elle n’ose pas l’ouvrir, puisqu’elle ne peut plus l’ouvrir aujourd’hui, mais qu’elle tentera un jour de voir quand même, ne serait-ce qu’un instant …oser.
  • Bernard revient d’Ailleurs, claquant nerveusement la Porte, il croise Francis qui s’en va.

Elle

respire lourdement en regardant son téléphone portable. Elle attend. Elle regarde et croise Bernard et Francis pendant qu’ils prennent le café avec des croissants apportés par Ariane. Une foule d’innombrables pantalons, jupes, chaussures à talon, des pointures, des cravates et des espadrilles, des blousons, imperméables, vestes, pulls, autres et encore et encore des ombres qui se croisent indifférentes, se regardent du coin de l’œil, se percutent en s’excusant, en s’engueulant rapidement empressé, des regards hagards fixant le tableau des horaires, mastiquant toutes sortes de mots….mais  Ils ne soupçonnent même pas qu’ils glissent et qu’ils reviennent inlassablement ici, là, et qu’ils s’effacent lentement, jour après jours, qu’ils prennent la forme des Statues et qu’ils ne gravent pas la terre qu’ils foulent, ainsi, là…, dans cet espace ouvert à l’intérieur des rues à l’intérieur…; Ils ne savent pas mais Ils sont là pour ce qu’Ils sont. Ils sont là entassés comme du bétail obligé d’entrer dans les bétaillères. Ils dépensent tous les jours pour vivre, mais pas pour eux, pour les autres qui les font vivres, se distraire…et Ils suivent…fauvisme d’un tableau dans lequel les couleurs grises éclatent et se dispersent aspirant vers la couleur envolée.

 

  • Ariane termine son service et croise Bernard qui ferme la porte devant Francis qui revient trop tard pour prendre son café.
  • ELLE
  • retrouve les enfants à l’Ecole. En contournant la voiture, son regard s’absente un instant, celui d’ouvrir la portière, puis il revient là où elle l’avait interrompu, au bout des doigts de Cyril engoncé dans sa chaise. Sans le savoir vraiment ELLE avait le Miroir.
  • Francis repart en regardant Ariane qui s’éloignait sur le trottoir en face alors que Bernard revenant dans la rue, croisait Yvon.

   Séquence 2 – Le Lendemain des autres lendemains.

 

Au réveil de la Foule, tout était prêt : les croissants, les cafés, les conducteurs de bus, de métro, les éboueurs, les postiers, les femmes de ménage, les ouvriers du bonheur et de l’exaspération des autres, les asservis des serviteurs des serviteurs qui servent les Serviteurs de ceux qui achètent et qui vendent ce qui ne leur appartient pas, mais aussi ce qu’Ils ne voient même pas mais qu’Ils imaginent chaque jour, lorsqu’on leur accorde le bras d’un Instant, ce qui est un risque mesurable, d’une mesure calculable et quantifiable pour qu’Ils ne perdent pas le Mouvement indispensable, inévitablement utile, voire vital.

 

ELLE

prenait toujours la voiture. Un jour ELLE avait échangé des idées, des expériences passées, des sentiments généreux que l’Amour approuva en souriant et puis, eh oui ! il y a toujours ces mots que seul le grand Architecte du Destin connaît et délivre aux Âmes de certains…et puis jour après jours les chuchotements devenus des mots et des phrases toutes faites dans un mouvement circulaire identique d’un amour devenu palpable, visible, confortable, prévisible, incontournable d’un quotidien qui rassure à travers les inquiétudes prévisibles, palpables visibles… 

  • La Porte était ouverte. Quelqu’un croyait que Paul ou Francis ou Yves sortirait en la refermant. Mais non, Elle restait ouverte ; au début comme une fissure, puis une lueur, une vision grandissante d’un spectre de couleur à un autre, jusqu’à ce que le cadre se vide, se libère, se retrouve...
  • ELLE
  • absorbait l’instant de cette liberté du matin ; le moment où nous n’attendons rien, où nous n’organisons rien d’autre que cet espace de l’asexuée Liberté. C’est à ce moment, dans cette césure du temps que les choses apparaissent et se confondent s’assouvissent du vide à l’encontre des mouvements. Une Fleurs tombe nul part… 

IL

n’avait rien hérité d’Adonis, mais bon, peut-être une nuance antique de Bacchus avec quelque chose de Poséidon mais sans la barbe et avec une chevelure plutôt désordonnée. Quant à sa musculature, elle suivait son imagination moqueuse de cette réalité dont les mensurations étaient bien celle d’un joueur d’échecs qui pour la bonne conscience faisait parfois du vélo en parcourant sur la carte du Guide des Auberges d’autres fois. C’est Francis qui racontait cela, avec son naturel habituel devant Paul qui faisait semblant de le connaître.

Ils n’avaient aucune idée, alors après les phrases qu’un mystérieux écho ramenait chaque matin, n’ayant pas d’autres choses à dire, Ils parlaient de Lui. Aussi étrange que cela puisse paraître, Ils avaient en mémoire cette histoire invraisemblable où LUI devenu introuvable, avait mit la Foule en état de choc par son absence lors du comptage des sujets du sinistrement Ministre à l’époque des faits.

 

  • LUI
  1. croise ELLE sortant de l’Ecole. Aucun signe significatif signifiant l’insignifiant signe de la rencontre de deux solitudes profondes, creusées par le Temps lorsqu’il glisse joyeusement sur le Fil franchissant le Pas-de-Porte. Juste des voix, des regards, des sons d’instruments et des gestes, des langages entiers de gestes intérieurs, invisibles, non formulés en mots mais en sens ; LUI ignore ce que le Destin chuchotent dans son dos. ELLE regarde, s’imprègne, ELLE ressent ce qu’IL n’imagine même pas. IL la regarde comme la femme qui ne peut existé qu’ailleurs de soi, enfin même cela est de trop…il glisse son regard sur ELLE, et puis….encore le " et puis " ce sacré " et puis… " …

 

Comment faire pour ne plus être une Foule ? échapper au vulgaire et habituelles qualifications formulées par la Foule où LUIELLE sont les grimoires des Médias ? Comment faire comprendre qu’un Univers de Vie Abstraite existe derrière le Miroir, à l’arrière invisible de ce que nous voyons, nous croyons voir réellement et même étranger à l’imaginaire des Foules ? Qui acceptera d’admettre qu’IL ne rencontre pas ELLE et qu ‘Ariane n’ose pas ouvrir cette porte, et que Francis qui croise tous les jours Bernard, un jour sans savoir comment, Francis tiendra la Porte à Yves pendant qu’Ariane servira le café à Bernard et qu’Ariane osera cette fois-ci…oui comme ELLE dépassera le cadre, au-delà d’une Porte ;

 

Cela lui permettra de rêver réalistement progressif lorsque l'imaginaire rejoint la liberté circulaire des Titans luttant contre Chimène, sans prendre conscience qu'ils peignent l'Histoire comme une grande Fresque se métamorphosant sur le Fil que le Temps tisse et raccourci en Silence....est-ce déperdition ou renaissance perpétuelle que l'Espoir masqué nous révèle en nous attirant au Bal de la Folie ?

 

 Arthur Thomassin

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